Depuis plusieurs jours, une information circule sur la disparition prochaine des forfaits mobiles avec de grandes enveloppes data. Certains médias ont relayé l’idée selon laquelle une proposition de loi limiterait drastiquement ces offres pour des raisons écologiques. Une information qui a rapidement enflammé les réseaux sociaux et suscité une vague de protestations. Mais il s’agit d’une rumeur infondée, démentie par les principaux acteurs du secteur, dont Xavier Niel, fondateur de Free Mobile, et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

D’où vient cette rumeur sur la fin des forfaits mobiles généreux ?
L’origine de cette rumeur remonte à la publication d’un article affirmant qu’un projet de loi visant à limiter les forfaits mobiles à gros volume de data était en préparation. L’idée étant que ces forfaits, notamment ceux proposant de l’illimité, contribueraient fortement aux émissions de CO₂ du numérique. Cette information a ensuite été reprise par plusieurs médias, amplifiant le phénomène et créant une véritable vague de panique parmi les consommateurs.
Face à cette polémique grandissante, Xavier Niel, patron de Free Mobile, un des principaux fournisseurs de forfaits avec beaucoup de data, a réagi directement sur X (ex-Twitter) en postant un simple « Non », en réponse à un article suggérant cette fin imminente. Une manière catégorique de rejeter ces allégations.
Mais pour éteindre définitivement cette rumeur, l’Ademe a également pris la parole.

L’Ademe ne propose aucune loi pour limiter la data mobile
Contrairement à ce qui a été affirmé, l’Ademe n’a ni le pouvoir ni l’intention de proposer une loi pour limiter les forfaits mobiles. Il est important de rappeler que seuls les ministres et députés sont en mesure de déposer un projet de loi en ce sens. L’Ademe, de son côté, ne fait que des recommandations et des études d’impact environnemental, destinées à informer les décideurs politiques.
L’agence a reconnu qu’elle mène des travaux d’analyse sur l’impact du numérique, mais aucune de ses études ne recommande une limitation des forfaits data. En réalité, l’impact des forfaits mobiles sur l’empreinte carbone est minime comparé à d’autres secteurs du numérique. L’Ademe a mis en avant des données chiffrées qui démontrent que les forfaits mobiles ne représentent que 5% des émissions du numérique en France.
Alors, si les forfaits ne sont pas responsables de la majorité des émissions, où se trouve réellement le problème écologique du numérique ?
Les véritables responsables : data centers et équipements électroniques
Si le numérique a un impact écologique certain, il ne provient pas majoritairement des forfaits mobiles. Selon les études de l’Ademe, la majorité des émissions carbone (95%) du numérique provient de deux sources principales :
- La fabrication et le renouvellement des équipements électroniques (smartphones, tablettes, ordinateurs, TV, consoles de jeux, etc.).
- Les data centers, qui stockent et traitent les données massivement.
1. Le problème des équipements électroniques
La fabrication d’un smartphone neuf génère environ 70 kg de CO₂ et mobilise de nombreuses ressources rares (métaux, terres rares, eau). C’est pourquoi le renouvellement fréquent des appareils a un impact beaucoup plus important que l’usage des forfaits mobiles. Or, la tendance à remplacer régulièrement son téléphone contribue fortement à l’empreinte carbone du numérique.
2. Les data centers, grands consommateurs d’énergie
Les data centers sont des infrastructures massives qui stockent et traitent nos données. Ils fonctionnent en continu, nécessitant une immense quantité d’électricité pour refroidir les serveurs et éviter la surchauffe. Selon une étude récente, les data centers représentent environ 45% des émissions carbone du numérique.
Pourquoi l’intelligence artificielle est une menace plus importante que la data mobile ?
Un autre point d’inquiétude majeur pour l’Ademe est l’essor de l’intelligence artificielle (IA). Contrairement aux idées reçues, l’IA a un impact environnemental considérable, bien supérieur à celui des forfaits mobiles.
1. L’empreinte carbone de l’intelligence artificielle explose
Selon un rapport publié en 2023, les activités de Google liées à l’intelligence artificielle ont généré 14,3 millions de tonnes de CO₂, soit une hausse de 48% par rapport à 2019. Ces chiffres illustrent le coût énergétique colossal du développement et de l’utilisation des algorithmes d’IA.
2. L’Ademe appelle à une meilleure régulation
Face à cette explosion énergétique, l’Ademe encourage une consommation plus raisonnée de l’IA. L’agence recommande notamment de limiter l’usage de l’intelligence artificielle aux situations réellement nécessaires et de favoriser des solutions moins énergivores, comme les recherches classiques sur Google au lieu d’une requête IA.
Une consommation plus intelligente plutôt qu’une restriction des forfaits mobiles
Plutôt que d’imposer une limitation des forfaits data, l’Ademe prône des solutions plus pragmatiques :
- Privilégier le Wi-Fi à domicile ou au bureau plutôt que d’utiliser inutilement la 4G/5G.
- Faire durer ses équipements électroniques : prolonger la durée de vie d’un smartphone de 3 à 4 ans réduit de 30% son impact écologique.
- Éviter le renouvellement trop fréquent des appareils, et opter pour des produits reconditionnés plutôt que neufs.
Ces actions ont un impact bien plus significatif que toute limitation des forfaits mobiles.
Pas de panique, vos forfaits mobiles restent inchangés
Contrairement aux craintes relayées par certains médias et internautes, aucune loi ne prévoit de restreindre les forfaits mobiles avec beaucoup de data. L’Ademe a démenti cette rumeur, tout comme Xavier Niel, et a rappelé que les forfaits mobiles ne représentent qu’une infime part des émissions carbone du numérique.
Le véritable enjeu écologique réside dans :
- La durabilité des équipements électroniques.
- La gestion des data centers.
- L’explosion de la consommation énergétique due à l’intelligence artificielle.
En clair, les forfaits mobiles ne sont pas les coupables, et une meilleure gestion des infrastructures numériques est la clé d’un numérique plus responsable. Vous pouvez donc continuer à profiter de vos forfaits généreux sans inquiétude.