Les téléphones portables font désormais partie intégrante de nos vies. Ils nous accompagnent partout et nous servent à communiquer, à travailler, à nous divertir et à organiser notre quotidien. L’un des sujets qui suscitent régulièrement la curiosité, voire l’inquiétude, concerne l’exposition aux ondes électromagnétiques. Dans ce contexte, le mode avion occupe une place particulière : on le voit souvent comme un moyen de couper toutes les connexions sans fil pour réduire l’émission ou la réception d’ondes. Pourtant, certaines interrogations circulent à propos de cette fonction et d’éventuelles conséquences néfastes sur la santé.

Téléphone en mode avion dangereux

Comprendre le mode avion

Qu’est-ce que le mode avion ?

Le mode avion est une fonctionnalité proposée par les fabricants de téléphones (et d’autres appareils électroniques) qui désactive, en principe, la connectivité cellulaire (2G, 3G, 4G, 5G), ainsi que le Wi-Fi et le Bluetooth. Originellement, il s’agit d’une mesure de sécurité pour éviter les interférences possibles entre les ondes générées par nos appareils électroniques et les instruments de navigation des avions.

Lorsque l’on active ce mode, le téléphone se met en veille de toutes les communications sans fil. Par conséquent, l’appareil :

  • N’émet plus d’ondes pour la téléphonie (voix et données).
  • Ne reçoit plus de réseau mobile.
  • Suspend également la recherche automatique de signaux Bluetooth et Wi-Fi.

Aujourd’hui, il est possible de personnaliser le mode avion : on peut le réactiver partiellement pour le Wi-Fi ou le Bluetooth tout en laissant la connectivité cellulaire désactivée. Ce réglage évolutif s’explique par la volonté des compagnies aériennes de permettre l’usage des appareils en vol (pour écouter de la musique, regarder des vidéos hors ligne, etc.) tout en minimisant les risques d’interférences radio.

Pourquoi parle-t-on de danger ?

Lorsqu’un téléphone est en fonctionnement normal, il émet et reçoit des ondes électromagnétiques pour rester connecté au réseau. Les études menées sur l’exposition aux radiofréquences en lien avec l’utilisation du téléphone portable portent souvent sur cette activité standard. Ainsi, nombreux sont ceux qui supposent que mettre un téléphone en mode avion supprime la quasi-totalité des ondes émises. D’autres, en revanche, s’interrogent : le téléphone ne demeure-t-il pas actif à un certain niveau même en mode avion ? Y a-t-il des émissions résiduelles pouvant influencer la santé ?

Par ailleurs, certains sites ou forums avancent l’idée que le mode avion, bien qu’il réduise les émissions, pourrait présenter d’autres formes de risques (exposition à des ondes de basse fréquence, fonctionnement de composants internes, etc.). Il est donc important de clarifier ce qui se passe réellement dans un téléphone lorsqu’il est en mode avion, et d’examiner les preuves scientifiques sur d’éventuels effets sanitaires.

Les ondes électromagnétiques : rappels essentiels

Quelles ondes un téléphone émet-il ?

Un téléphone mobile émet principalement des ondes de type :

  • Radiofréquences : le spectre de fréquences utilisé par la téléphonie cellulaire (autour de 700 MHz à 3,5 GHz pour la 5G, mais cela varie selon les bandes de fréquence autorisées dans chaque pays).
  • Wi-Fi : souvent 2,4 GHz ou 5 GHz (voire 6 GHz pour le Wi-Fi 6E).
  • Bluetooth : à environ 2,4 GHz.

Toutes ces fréquences sont classées dans la catégorie des ondes non ionisantes, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas assez d’énergie pour briser les liaisons chimiques dans les cellules (contrairement aux ondes ionisantes comme les rayons X ou gamma). Les ondes non ionisantes peuvent toutefois provoquer un échauffement des tissus en cas d’exposition à forte puissance et sur une longue durée. C’est la raison pour laquelle il existe des normes internationales et nationales pour limiter la puissance d’émission, et donc l’exposition du corps humain. Le DAS (Débit d’Absorption Spécifique) est l’une des valeurs clés pour mesurer cette exposition.

Normes et réglementations

Au niveau international, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) émettent des recommandations sur les limites d’exposition. De nombreux pays se basent sur ces références pour définir :

  • Des limites légales pour le DAS des appareils.
  • Des valeurs seuils d’émission pour les stations de base et les antennes relais.

Ainsi, un téléphone mis sur le marché doit obligatoirement respecter un DAS maximal (généralement autour de 2 W/kg pour la tête et le tronc dans l’Union européenne), afin de limiter l’échauffement dans les tissus humains.

Lorsque le téléphone est en mode avion, la plupart des émissions radio sont supprimées ou considérablement réduites. Selon la logique de ces normes, l’exposition devrait donc être diminuée, ce qui laisse supposer qu’un téléphone en mode avion est moins susceptible d’exposer l’utilisateur à des radiofréquences que lorsqu’il est en communication ou en recherche active de réseau.

Que se passe-t-il vraiment en mode avion ?

Lorsque vous activez le mode avion, le premier changement est la désactivation de la puce cellulaire. Concrètement, le téléphone ne cherche plus de réseau pour :

  • Envoyer ou recevoir des appels.
  • Maintenir la connexion data (3G, 4G, 5G).
  • Scanner automatiquement les antennes relais à proximité.

Par conséquent, un téléphone en mode avion réduit fortement son émission d’ondes dans la bande de fréquences de la téléphonie mobile. Il est donc établi que l’appareil, dans cette configuration, n’émet presque aucune onde de ce type tant que la fonctionnalité reste active.

Le mode avion désactive souvent par défaut le Wi-Fi et le Bluetooth. Toutefois, de nombreux utilisateurs choisissent de réactiver manuellement l’une ou l’autre de ces connexions. Dans ce cas :

  • Si vous réactivez le Wi-Fi, votre téléphone émettra et recevra toujours des ondes dans la bande 2,4 GHz ou 5 GHz (selon le réseau).
  • Si vous réactivez le Bluetooth, il y aura également des émissions, bien que le Bluetooth fonctionne à très faible puissance, généralement inférieure à celle du Wi-Fi ou de la téléphonie cellulaire.

En conséquence, si le téléphone est réellement en mode avion sans que le Wi-Fi ou le Bluetooth ne soient rallumés, l’exposition aux ondes est extrêmement faible. Si l’on réactive le Wi-Fi ou le Bluetooth, il faudra prendre en compte ces sources d’ondes, certes moins puissantes que la téléphonie mobile, mais toujours présentes.

Certains craignent que le téléphone continue d’émettre, même en mode avion. Les fabricants affirment que, dans ce cas, le téléphone limite drastiquement ses émissions aux seuls signaux internes indispensables à son fonctionnement. Il peut y avoir une très faible activité électromagnétique pour des raisons techniques (oscillateur interne, composants électroniques, etc.), mais ces émissions sont sans commune mesure avec celles observées lors d’un appel ou d’une connexion 4G/5G.

En d’autres termes, le téléphone en mode avion se comporte davantage comme un petit appareil électronique de base (similaire à un lecteur MP3 ou à un agenda électronique), plutôt que comme un émetteur radio. Les niveaux d’ondes électromagnétiques produits sont alors bien inférieurs à ceux générés lors d’une communication téléphonique classique.

dangers mode avion

Les sources de confusions : pourquoi certains pensent que le mode avion est dangereux ?

Idées reçues et rumeurs en ligne

Sur Internet, on trouve de nombreuses théories selon lesquelles les téléphones, même en mode avion, continueraient d’émettre des ondes à un niveau élevé. Certains articles ou témoignages prétendent que les fabricants cacheraient de mystérieux signaux émis en permanence. D’autres évoquent des impacts indirects, comme le fait que le mode avion pourrait forcer le téléphone à émettre plus fort lorsqu’on le désactive, ou qu’il génère des « ondes de fond » différentes.

Ces rumeurs ne s’appuient pas sur des preuves scientifiques solides. Les mécanismes de base montrent au contraire que le mode avion coupe ou réduit drastiquement la téléphonie mobile et les autres formes de connectivité sans fil. Les téléphones passent aussi des tests de certification qui exigent une mesure du DAS dans différentes configurations (y compris mode avion, parfois). Les fabricants n’ont aucun intérêt à maintenir des émissions cachées, car ils doivent respecter les normes de sécurité et de compatibilité électromagnétique.

La méfiance envers les nouvelles technologies

Certains individus ou groupes expriment une méfiance générale vis-à-vis des technologies de communication. Il est possible que cette méfiance se manifeste également face au mode avion, perçu comme une fonctionnalité opaque. Les craintes relatives à la santé, à la confidentialité des données, voire à la géolocalisation, peuvent alimenter le sentiment que l’appareil ne cesse de « surveiller » ou de « rayonner », même lorsqu’il est censé être éteint.

Cependant, pour émettre un signal de localisation ou de communication, le téléphone doit disposer d’une connexion radio (GPS, cellulaire, Wi-Fi, Bluetooth). En mode avion, toutes ces interfaces sont désactivées sauf si l’utilisateur choisit de les rallumer (Wi-Fi ou Bluetooth). Autrement dit, la géolocalisation par satellite (GPS) peut encore fonctionner en réception pure, mais sans transmettre de données. Les applications ne pourront donc pas envoyer vos coordonnées via le réseau cellulaire ou Wi-Fi si ces derniers sont désactivés.

Le bilan actuel : est-ce qu’un téléphone en mode avion est dangereux ?

Au vu de l’état actuel des connaissances :

  • L’activation du mode avion réduit significativement les émissions d’ondes radiofréquences liées à la téléphonie mobile.
  • Les éventuelles émissions résiduelles (basse fréquence, électronique interne) sont extrêmement faibles et comparables à celles d’autres appareils électroniques en veille.
  • Les études scientifiques menées jusqu’à présent ne mettent pas en avant de risques avérés pour la santé, surtout à des niveaux d’émission conformes à la réglementation.
  • Activer le mode avion est généralement un geste privilégié dans une optique de précaution pour diminuer l’exposition ou éviter les interférences avec des appareils médicaux ou les équipements d’un avion.

Ainsi, considérer le mode avion comme « dangereux » n’est pas étayé par les données scientifiques disponibles. Il existe peut-être une part d’incertitude inhérente à tout sujet relatif aux ondes, mais l’idée dominante est que le mode avion réduit l’exposition plutôt que de l’augmenter.

Mathieu